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Endophtalmie endogène bilatérale chez un patient présentant une prostatite à Klebsiella Pneumoniae

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Orateurs :
Dr Benjamin BILLIET
Auteurs :
Dr Benjamin BILLIET
Sophie Assad-Bordure
Dr Philippe GOHIER
Tags :
Résumé

But

L’endophtalmie endogène est une infection rare et sévère survenant le plus souvent chez des patients immunodéprimés. Nous rapportons le cas d’une endophtalmie endogène bilatérale chez un patient immunocompétent.

Observation

Il s’agit d’un patient de 65 ans adressé en ophtalmologie en cours d’hospitalisation pour une prostatite. Il décrit une baisse d’acuité visuelle rapidement progressive bilatérale. Il présente comme seul antécédent une rectocolite hémorragique traitée par Mésalazine.

Cas clinique

A l’examen clinique, l’acuité visuelle corrigée est de perception lumineuse aux deux yeux. L’examen en lampe à fente retrouve une panuvéite bilatérale avec un hypopion de l’œil gauche. Le fond d’œil retrouve à droite une hyalite dense, un foyer rétinien temporal associé à des hémorragies. A gauche, le fond d’œil est inaccessible en raison d’une hyalite importante. L’échographie en mode B ne retrouve pas de décollement choroïdien ni rétinien à la phase initiale. Devant ce tableau clinique, les diagnostics initiaux évoqués sont l’endophtalmie endogène bilatérale à point de départ prostatique ou la rétinite nécrosante aigue bilatérale. Une ponction de chambre antérieure et une ponction vitréenne sont réalisées en urgence, suivies d’une injection intra-vitréenne bilatérale de Vancomycine, Ceftazidime et Ganciclovir. Une antibiothérapie par Levofloxacine et Carbapénème associée à un traitement par Aciclovir intraveineux est instauré en urgence. Parmi les examens complémentaires réalisés, l’examen cytobactériologique des urines ainsi que l’hémoculture anaérobie sont positifs à Klebsiella Pneumoniae. Les PCR virales, l’examen bactérien direct et la culture du vitré et de l’humeur aqueuse sont revenus négatifs. Au cours de l’évolution, le tableau s’est compliqué d’un abcès hépatique dont la ponction a également retrouvé une Klebsiella Pneumoniae. Au vu de la clinique et des examens complémentaires avec bactériémie à Klebsiella Pneumoniae, nous avons retenu l’étiologie de l’endophtalmie endogène. Le traitement antibiotique systémique ainsi que les injections intra-vitréennes d’antibiotiques sont poursuivis lors de son hospitalisation. Au cours de l’évolution, le patient a présenté un décollement choroïdien de l’œil gauche, pour lequel a été instauré une corticothérapie orale à la dose de 0.5 mg/kg/jour. L’évolution a été favorable avec diminution de l’inflammation locale et du décollement choroïdien et amélioration de l’acuité visuelle.

Discussion

Les endophtalmies endogènes sont des pathologies systémiques sévères pour lesquelles le pronostic visuel et vital peut être engagé. Le traitement empirique par injections intra-vitréennes et antibiothérapie systémique doit être instauré rapidement pour diminuer la morbidité oculaire et générale. L’origine prostatique des endophtalmies est rare et peu décrite. Les quelques cas recensés dans la littérature rapportent une infection à Klebsiella Pneumoniae constante, certains même avec des abcès hépatiques similaires.

Conclusion

Notre cas montre la survenue possible d’endophtalmie endogène sans facteur de risque spécifique. Au vu de la littérature, on peut évoquer la surreprésentation de Klebsiella Pneumoniae lors des endophtalmies d’origine prostatique. Ainsi la surveillance de la symptomatologie ophtalmologique pourrait être recommandée lors des prostatites à Klebsiella Pneumoniae.