En 2008, Burgess et al. ont décrit pour la première fois une forme particulière de dystrophie rétinienne héréditaire appelée bestrophinopathie autosomale récessive (ARB, MIM #611809), caractérisée par des altérations rétiniennes atypiques associées à une abolition du Light peak sur l’électrooculogramme (EOG), caractéristique de la maladie de Best (MIM #153700). Le phénotype de cette nouvelle entité est cependant plus sévère avec une dysfonction rétinienne globale d’intensité variable à l’électroretinogramme global (ERG), des décollements séreux rétiniens, des kystes intrarétiniens et des dépôts sous-rétiniens.
L’objectif de cette étude était de caractériser génétiquement et cliniquement une large cohorte européenne de patients présentant un diagnostic d’ARB (EOG plat et anomalies rétiniennes compatibles) et d’établir des corrélations génotype-phénotype.
Tous les patients présentant un diagnostic présumé d’ARB ont été convoqué au Centre Maladies Rares du CHNO des 15-20 pour un examen ophtalmologique complet incluant l’imagerie multimodale rétinienne, après obtention d’un consentement éclairé de chaque patient et membres de famille. L’étude adhère aux principes de la Déclaration d’Helsinki et a été approuvée par le comité d’éthique local.
L’analyse génétique a été réalisée par la méthode de référence de séquençage Sanger. L’ensemble des 11 exons et régions adjacentes de BEST1(NM_004183.3) ont été analysés chez les patients et leurs apparentés.
Treize patients issus de 12 familles avec un diagnostic d’ARB ont été inclus dans cette étude.
L’âge moyen de la cohorte était de 30 ans (de 8 à 58 ans). La meilleure acuité visuelle corrigée allait de perception lumineuse à 0.8 ; 55% (7/13) des patients étaient hypermétropes dont 3 présentaient un antécédent de glaucome aigu par fermeture de l’angle ; 67% (9/13) des patients présentaient une dysfonction rétinienne généralisée à l’ERG global majoritairement prédominante sur la fonction des bâtonnets.
Concernant l’analyse génétique, 5/13 patients étaient hétérozygote composite et 8/13 patients (incluant 2 membres apparentés) étaient homozygotes pour la mutation causale sur BEST1. Ces variants incluent 10 mutations faux-sens dont 5 nouvelles, 3 mutations non-sens dont 1 nouvelle, 2 nouvelles délétions de petite taille et 1 insertion de petite taille déjà décrite. Une des mutations faux-sens (c.91C>A p.Leu31Met) a été identifiée à l’état homozygote chez 2 sujets apparentés et 1 sujet issu d’une autre famille, tous originaires du Maroc, ce qui suggère pour ce variant un effet fondateur.
Cette étude a permis d'identifier de nouveaux variants pathogènes et d'obtenir un phénotypage précis de l’ARB grâce aux outils d’imagerie multimodale.
D’autres études expérimentales sont nécessaires pour mieux comprendre les conséquences fonctionnelles précises de ces variants et le mécanisme physiopathologique aboutissant à ce phénotype clinique bien particulier.