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188 - Intérêt de la lentille sclérale SPOT dans la prise en charge des cornées irrégulières après chirurgie réfractive

Les procédures de chirurgies réfractives cornéennes ne cessent d’augmenter au fil du temps et sont devenues de plus en plus fiables. Cependant, les premières techniques de correction des amétropies (kératomileusis, kératotomie radiaire, incision arciforme) ainsi que les complications (ectasie, décentrement de traitement, syndrome sec sévère) des techniques les plus récentes sont parfois pourvoyeuses de cornées irrégulières. Dans ces cas, les patients voient leur meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) limitée par des aberrations optiques (AO) de haut degré, difficiles à prendre en charge. La lentille sclérale perméable à l’oxygène de Thonon (SPOT) a fait ses preuves dans le traitement des patients présentant de graves atteintes de la surface oculaire (syndrome de Lyell, maladie du greffon contre l'hôte). La lentille SPOT pourrait également être utilisée pour la réhabilitation visuelle des patients présentant des cornées irrégulières après une chirurgie réfractive cornéenne. 

Nous avons réalisé une étude prospective, multicentrique (Bordeaux, Lyon), incluant des patients opérés de chirurgie réfractive et présentant des cornées irrégulières responsables d’une baisse de l’acuité visuelle et/ou d’un syndrome sec. Les patients ont été adapté en lentille sclérale. La MAVC, le score d’oxford, l’indice de diffusion (OSI), les AO de haut degré, ainsi que le score OSDI ont été relevés avant et après l’adaptation en lentille. Les paramètres de la lentille, la latéralité, la durée de port, la durée de suivi, la présence d’une pseudophaquie ainsi que leur consommation de collyre ont également été appréciés. Le critère de jugement principal était la réduction de l’indice OSI.

Nous avons inclus 45 yeux de 24 patients. L’âge moyen des patients était de 47 ans avec une prédominance féminine (67%). La quasi-totalité des patients étaient adaptés de façon bilatérale. Onze pourcents des patients étaient pseudophaques. L’OSI moyen diminuait de 4,4 à 2,4 après adaptation. La MAVC était de 0,33 Log MAR avant adaptation et de 0,12 avec lentille. Le score OSDI est passé de 71,6 à 49,2 après adaptation et la moyenne des AO de haut degré de 2,75 à 0,92µm. Le score d’Oxford n’était pas modifié de façon significative par le port de lentille. La durée moyenne de port quotidien de la lentille était de 11h15.

La lentille sclérale permet à la fois une amélioration de la MAVC via la correction des AO et du syndrome sec oculaire.

Il s’agit de la première grande cohorte sur l’adaptation en lentille sclérale SPOT de patients opérés de chirurgie réfractive. Il ne semble pas y avoir d’effet de la durée de port sur l’amélioration des symptômes avec des résultats quasi immédiat une fois la lentille adaptée. De plus, les patients gardent le bénéfice de la lentille toute une journée durant, sans contraintes de dépose de la lentille pour cause d’intolérance comme cela est parfois le cas avec les lentilles cornéosclérales. L’avantage du grand diamètre permet aussi de prendre en charge efficacement les traitements décentrés.

La lentille sclérale est une solution « médicale » et réversible pour des patients ne souhaitant pas toujours une nouvelle chirurgie ou chez qui le résultat d’une retouche pourrait être aléatoire.