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117 - Description des caractéristiques cliniques et évolution sous traitement des conjonctivites liées au dupilumab dans la dermatite atopique sévère

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Orateurs :
Dr Selim FARES
Auteurs :
Dr Selim FARES
Angèle Soria
Eric Gabison
Charles Sitbon
cochereau isabelle
Serge Doan 1
Tags :
Résumé

Introduction

Le Dupilumab est un nouveau traitement dans la dermatite atopique sévère résistante aux autres traitements immunomodulateurs. C'est un anticorps monoclonal qui inhibe la signalisation des interleukines IL-4 et IL-13 qui sont des cytokines majeures TH2 impliquées dans la dermatite atopique. La conjonctivite est l’effet secondaire le plus fréquent du Dupilumab et peut être parfois invalidante au point de nécessiter son arrêt.

Nous avons décrit les caractéristiques cliniques et l’évolution sous traitement de 10 patients sous dupilumab .

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude rétrospective sur 10 patients atteints de dermatite atopique sévère traitée par Dupilumab et présentant une conjonctivite invalidante au décours. Les patients recevaient une première injection de 600 mg puis des injections de 300 mg toutes les deux semaines. Les principaux paramètres étudiés étaient le délai entre l’initiation du Dupilumab et l’apparition de la conjonctivite, la sévérité des symptômes et signes cliniques côtés de 0 à 4 selon leur gravité, les traitements utilisés et leur efficacité clinique.

Résultats

L'âge moyen des patients était 42 ± 11 ans, et 70% des patients étaient des hommes. Trois patients avaient une atteinte oculaire de la dermatite atopique avant le traitement par Dupilumab. La blepharoconjonctivite apparaissait en moyenne à 6 ± 3 semaines après introduction du Dupilumab alors même qu’il existait une amélioration sur la dermatite atopique.

Les principaux symptômes retrouvés étaient une rougeur oculaire intense (6/10 patients), un larmoiement (8/10), un prurit (10/10), un picotement (4/10) sans baisse d’acuité visuelle ni photophobie, mais surtout très invalidants. A l’examen, il existait une inflammation conjonctivale de type papillaire avec hyperhémie importante et une blépharite postérieure dans tous les cas. Aucun patient ne présentait de kératite. L’examen clinique n’a pas retrouvé de Demodex palpébral.

La conjonctivite a été la plus sévère chez les 2 patients ayant des antécédents de kératoconjonctivite atopique. Quatres patients ont utilisé un collyre corticoïde ou un dermocorticoïde à la phase aiguë, et neuf patients ont reçu du tacrolimus en pommade cutanée et/ou de la ciclosporine en collyre oculaire. Deux patients ont présenté une conjonctivite sévère qui a nécessité l'arrêt du Dupilumab.

Discussion

Le mécanisme de la conjonctivite sous Dupilumab n’est pas clair. Si l’hypothèse d’une infection à Demodex a été éliminée par notre étude, celle du déséquilibre TH1/TH2 est la plus vraisemblable, avec augmentation de la voie TH1, voie de l'inflammation non allergique aussi décrite dans la dermatite atopique.

Notre étude montre l'efficacité des inhibiteurs topiques de la calcineurine (tacrolimus, ciclosporine) dans la conjonctivite sous Dupilumab, ce qui va dans le sens de la responsabilité de lymphocytes TH dans cette réaction.

Conclusion

La conjonctivite sous Dupilumab est invalidante même si l’atteinte cornéenne n’est pas classique.

Les traitements anti-inflammatoires locaux corticoïdes ou ciclosporine oculaire/tacrolimus cutané permettent de contrôler le plus souvent l’inflammation, sauf chez les patients aux antécédents de kératoconjonctivite atopique qui sont plus sévères et qui doivent parfois nécessiter l’arrêt du Dupilumab.