Quelle prise en charge pour les OACR ?

Revue de la presse d'avril 2021

Auteurs : Jean-Rémi Fénolland, Antoine Rousseau
Coordination : Marc Labetoulle

Revues sélectionnées :
Ophthalmology, JAMA Ophthalmology, IOVS, Progress in Retinal and Eye Research, Current Opinion in Ophthalmology, Survey of Ophthalmology, Journal of Cataract and Refractive Surgery, American Journal of Ophthalmology, British Journal of Ophthalmology, Retina, Cornea, Nature, Lancet, NEJM, Science.


Quelle prise en charge pour les OACR ?

Il est très intéressant de voir la puissante American Heart Association donner des recommandations concernant la prise en charge des OACR. Ce rapport est cosigné par un collège d’experts formé de neurologues, neuro-ophtalmologistes, chirurgiens vitréo-rétiniens, d’immunologues, de neurochirurgiens endovasculaires et de cardiologues, qui se sont tous attachés à étudier la littérature médicale publiée sur le sujet.

Après avoir rappelé les formes cliniques et l’incidence qui varie entre 1,9/100 000 habitants par an aux Etats-Unis et 2,5/100 000 habitants par an au Japon, les auteurs soulignent le pronostic habituellement sombre des OACR, l’absence de traitement validé, l’association constante avec les facteurs de risques cardiovasculaire ou diverses étiologies emboliques, le tout faisant des OACR l’équivalent d’un accident vasculaire cérébral localisé à l’œil.

En ce qui concerne la thérapeutique, de nombreuses propositions de prise en charge, médicales ou chirurgicales, n’ont pas fait preuve d’une quelconque efficacité, dont le massage oculaire, la ponction de chambre antérieure, les agents hypotonisants, les vasodilatateurs, l’hémodilution. Cependant, plusieurs séries puis des essais cliniques avaient montré que des protocoles utilisés dans la prise en charge des AVC ischémiques dans les stroke centers (c’est-à-dire les centres d’urgences neurovasculaires) peuvent améliorer le pronostic visuel, donc la récupération visuelle. Alors que de nombreux centres d’urgence neurovasculaires se sont développés dans les pays industrialisés, les experts ont fait le constat que, malheureusement, les patients présentant une OACR sont insuffisamment adressés à ces centres, notamment en raison d’un manque de réflexe dans la population générale de consulter immédiatement en cas de perte brusque de toute vision sur un œil, et dans la population médicale d’adresser ces patients rapidement et au bon endroit.

C’est justement pour cette raison que l’AHA recommande désormais, devant une OACR datant de moins de 4,5 heures, de réaliser une thrombolyse par voie intraveineuse, selon les protocoles utilisés dans le cadre des AVC ischémiques. D’après l’AHA, les patients éligibles doivent être (rapidement) sélectionnés, avec idéalement un examen ophtalmologique (pour observer les signes d’OACR dans la rétine), un bilan de débrouillage pour éliminer une maladie de Horton et une imagerie cérébrale.

Cette recommandation marque clairement un changement de concept dans la prise en charge des OACR, qui doivent désormais bénéficier de la même célérité et la même efficacité qu’un AVC, dont elles sont l’équivalent au niveau de la rétine.

De façon complémentaire, les auteurs soulignent l’impérieux besoin, à la fois, de réaliser un bilan neurovasculaire complet, en hospitalisation, après la survenue d’une amaurose fugace, et celui aussi également de développer les mesures de prévention secondaire, pour éviter le passage d’une amaurose fugace vers une OACR, ou d’une OACR vers une récidive, notamment dans l’autre œil.

 

Mac Grory B, Schrag M, Biousse et al ; American heart association stroke council; Council on arteriosclerosis, thrombosis and vascular biology; Council on hypertension; and council on peripheral vascular disease. Management of central retinal artery occlusion: a scientific statement from the American Heart Association. Stroke. 2021 Mar 8:STR0000000000000366.

 

Lien vers l’article gratuit : https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/STR.0000000000000366

 

Reviewer : Jean-Rémi Fénolland, thématique : urgences vasculaires