Lorsqu’ils comportent une composante neuropathique, les dysfonctionnements des glandes de Meibomius (DGM) sont responsables d’une gêne fonctionnelle majeure, et sont peu soulagés par les stratégies thérapeutiques conventionnelles. Le traitement par lumière pulsée intense (IPL) est un traitement innovant des DGM qui agirait notamment en modulant les effecteurs inflammatoires au niveau de la surface oculaire. L’objectif de cette étude était d’évaluer spécifiquement l’intérêt du traitement par IPL chez les patients souffrant de DGM avec composante neuropathique.
Name
Traitement par lumière pulsée IPL dans les dysfonctionnements meibomiens avec douleurs neuropathiques cornéennes
Introduction
Matériels et Méthodes
Cette étude monocentrique prospective a été initiée en septembre 2021, pour des patients présentant une maladie de la sécheresse oculaire (BUT≤10 secondes et/ou Schirmer I≤10 mm) avec DGM (score d’Arita ≥ 2) et en outre une atteinte neuropathique, caractérisée par des symptômes sévères (score OSDI>33) malgré un marquage conjonctivo-cornéen modéré (Oxford ≤ 7 sur 15). Trois cures d’IPL (Lacrystim®, Quantel™) ont été réalisées (J0, J 7-J15, J15-J30). Le critère de jugement principal était la variation du score OSDI à J120. Les critères de jugement secondaires étaient l’évolution sous traitement des paramètres cliniques (Score d’Oxford, Schirmer I, BUT), des symptômes (évalués par échelle visuelle analogique) de la qualité de vie (DEQ 5), et des examens paracliniques (BUT non invasif, meibographie, ménisque lacrymal), évalués sur la plateforme LacryDiag® (Quantel™).
Résultats
Dix-sept patients, (dont quatorze femmes), âgés de 62 ± 13 ans, avec un phototype cutané clair, ont été inclus dans cette étude. Trois mois après la dernière cure, le score OSDI avait significativement diminué de 20% ((44 ± 22.8, p=0,01) et même plus de 30% pour 8 patients. Les autres évaluations subjectives (EVA, DEQ 5) n’étaient pas modifiées. Parmi les marqueurs cliniques, le score d’Oxford était significativement réduit (1,4 ± 1,6 ; p<0.001), le BUT était significativement amélioré (6,4 ± 1,6 s ; p=0,02). Parmi les examens paracliniques, seule la hauteur du ménisque lacrymal était significativement réduite (0,3 ± 0,07 mm ; p=0.002). Une patiente est sortie de l’essai avant l’évaluation à J60, en raison de sensation de brûlures oculaires après la première séance d’IPL. Une patiente a été perdue de vue.
Discussion
Cette étude pilote met en évidence une réduction du degré d’épithéliopathie de la surface oculaire (score d’Oxford), une amélioration de la stabilité du film lacrymal (BUT) et une diminution significative du score OSDI après traitement par IPL des DGM avec composante neuropathique, avec notamment plus de 50% des patients ayant ressenti une amélioration du score OSDI de plus de 30%. La diminution de l’épiphora pourrait s’expliquer par l’inhibition de la stimulation nociceptive. Par son effet anti-inflammatoire sur la surface oculaire, le traitement par IPL pourrait diminuer les médiateurs pro-inflammatoires impliqués dans la dérégulation du message douloureux neuropathique.
Conclusion
Cette étude pilote, sur un nombre encore limité de patients, montre des résultats encourageants, mais qui nécessitent d’être confirmés à plus grande échelle. La confirmation de ces résultats permettrait d’apporter une réponse pratique aux patients, tout en ouvrant la voie à une meilleure compréhension des phénomènes impliqués dans les douleurs neuropathiques.