Le kératocône est une pathologie dégénérative de la cornée caractérisée par un amincissement et un bombement de la cornée pouvant être responsable d’une altération de la qualité visuelle.
Les anneaux intra-cornéens font partis de l’arsenal thérapeutique. Ils sont indiqués notamment en cas de baisse d’acuité visuelle persistante après correction optique par lunettes ou lentilles. Il s’agit de petits anneaux en plastique en forme de croissant placés dans le stroma cornéen profond pour aplatir la cornée.
L’objet de notre étude est d’évaluer la stabilité de l’effet à long terme de la pose d’anneaux intra-cornéens stromaux.
Elle concerne tous les patients ayant bénéficié de la pose d’anneaux intra-cornéens au CHU de Rouen en 2014 et 2015
Nous avons extrait les données des dossiers médicaux informatisés, en relevant les acuités visuelles et les données issues des topographies cornéennes (kératométrie maximale, pachymétrie minimales) à plusieurs temps : pré-opératoire, post-opératoire précoce à court terme (1 mois), moyen terme (3 à 6 mois), long terme (1 an) et très long terme (plus de 2 ans).
Nous avons inclus au total 38 patients : 19 hommes et 19 femmes, 25 yeux gauches et 13 yeux droits.
Les pathologies cornéennes étaient principalement des kératocônes (35/38) mais non exclusivement avec 2 patients traîtés pour ectasies post-lasik et 1 pour dégénérescence marginale pellucide.
On mentionne pour la majorité des patients (20/38) un échec de l’adaptation en lentille (intolérence ou sans amélioration fonctionnelle).
On note une amélioration de l’acuité visuelle chiffré en -logMAR en moyenne de 0,55 entre l'acuité visuelle pré-opératoire et post-opératoire à court terme.
On constate une diminution du Kmax de 1,57 à court terme, 2,57 à moyen terme et 2,33 à long terme.
On constate également une augmentation de la pachymétrie minimale en moyenne de 24,19 micron en post-opératoire immédiat. A long terme on remarque une perte partielle de ce gain avec une différence de pachymétrie en moyenne à 15,9 micron. Cette perte d’épaisseur cornéenne peut s’expliquer par l’évolutivité du kératocône.
On constate un gain de l'acuité visuelle initiale. La diminution de la kératométrie maximale constatée initialement associée à l'amélioration fonctionnelle est relativement stable dans le temps, cette diminution de Kmax en lien avec l'aplatissement cornéen se conserve au long court. Néanmoins le gain d’épaisseur cornéen initial est moins constant et on constate une diminution de la pachymétrie minimale au cours du suivi. Cette perte d'épaisseur peut s’expliquer par l’évolutivité du kératocône.
Les anneaux intra-cornéens ont un effet mécanique sur l'aplatissement de la courbure cornéenne qui tend à se maintenir au long court. Il ne semble pas y avoir d'effet freinateur sur la perte d'épaisseur cornéenne minimale constatée au long terme au cours du suivi du kératocône.
