Name
Réstauration visuelle chez les patients considérés monopthalmes

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Dr Nicole MECHLEB
Tags :
Résumé

Objectif

Décrire la possibilité de récupération visuelle chez les adultes monophtalmes qui perdent leur vision du bon œil. Cette restauration visuelle est liée à la neuro-plasticité et est induite par la stimulation des circuits cérébraux qui produit une modulation synaptique et par conséquence une neuro-réhabilitation.

Description de cas

Trois cas d'adultes monophtalmes adultes chez qui une récupération visuelle s’est produite quand ils ont brusquement perdu la vision de l’œil sain voyant.

Observation

Il s'agit de 3 adultes ayant une rétinopathie diabétique proliférante compliquée de décollement tractionnel maculaire sur un œil. Tous trois avaient une acuité visuelle de moins de 20/200 de cet œil et entre 20/25 et 20/20 de l’œil adelphe. Ils ont bénéficié d’une vitréctomie et réparation anatomique ad integrum mais l’altération architecturale a compromis la récupération visuelle post-opératoire (20/200-20/80). Cette vision resta stable pour une période d’au moins 12 mois. Ils ont développé par la suite une régression visuelle brutale ou progressive du « meilleur » œil. Simultanément, la vision du "mauvais œil" s’est améliorée sans aucun changement objectif à l’examen clinique ophtalmologique.

Discussion

La perte visuelle résultant d’une altération structurelle rétinienne est majorée par une suppression de l'information visuelle incomplète à un niveau cortical supérieur, et dont le but est de diminuer l’ambiguïté et le déséquilibre au niveau du cortex visuel. Simultanément, les stimuli en provenance de l’œil le mieux voyant sont amplifiés avec un détournement attentionnel en faveur des zones intactes. Par conséquence, les structures résiduelles altérées perdent leur activité neuronale et leur transmission synaptique et contribuent de moins en moins à la vision utile quotidienne. Cette altération visuelle, longtemps considérée irréversible, pourrait en fait avoir un potentiel considérable de récupération et de restauration fonctionnelle, même à un âge adulte grâce à la plasticité résiduelle cérébrale. Selon la « théorie de l’activation de la vision résiduelle », la fonction visuelle peut être réactivée et partiellement restaurée quand l’insulte des voies visuelles ou de la rétine n’est pas complète. Les zones rétiniennes résiduelles sont en fait capables de réactiver (moduler) le cortex visuel correspondant, jusque-là inhibé, et ceci en l’impliquant de nouveau dans la stimulation visuelle répétitive de l’activité quotidienne. De ce fait, et vu que la perte visuelle résulte d’une combinaison de dégâts anatomiques au site de la lésion et d’altération fonctionnelle à un niveau cortical supérieur, il est possible d'avoir une amélioration visuelle par une régulation corticale post-synaptique de l’influx visuel et un recrutement des voies visuelles préexistantes. Dans les circonstances naturelles, l’amplification de l’influx visuel du « mauvais œil » a lieu lorsque l’œil le mieux voyant perd l’intégrité de son potentiel visuel et cette récupération peut être permanente ou transitoire. Notre série révèle une restauration visuelle simultanée ou rapidement consécutive à la perte visuelle du « meilleur » œil et cette récupération a eu lieu sans aucun changement significatif de l’examen clinique des segments antérieurs et postérieurs de l’œil le moins voyant.

Conclusion

Dans certaines circonstances, les patients « monophtalmes » peuvent reverser leur perte visuelle. Quand le meilleur œil subit une insulte, les zones dysfonctionnelles inhibées mais toujours survivantes sont de nouveau réactivées. De ce fait, l’œil le moins voyant peut restaurer partiellement sa fonction ce qui permet au patient de récupérer une vision utile indispensable à son vécu quotidien.