L’occlusion veineuse rétinienne (OVR) est la pathologie vasculaire la plus fréquente après la rétinopathie diabétique. L'objectif de notre étude est de déterminer le profil des OVR dans notre contexte, de souligner l’apport des techniques d’imagerie rétinienne multimodale, de déterminer les facteurs de risque (FDR) et les facteurs prédictibles de mauvais pronostique.
Name
Occlusions veineuses rétiniennes : une étude prospective sur 18 mois
Introduction
Matériels et Méthodes
Etude prospective, descriptive et analytique sur une période de 18 mois, incluant une série de 60 patients présentant une OVR. Tous les patients ont bénéficié d’un examen clinique initial et d’une imagerie rétinienne multimodale. Une analyse statistique univariée a été réalisée et un p<0.05 a été considéré comme significatif.
Résultats
60 cas d’OVR sur une période de 18 mois avec 19 cas d'OVCR et 41 cas d’OBVR. Les FDR retrouvés : âge avancé (86%), HTA (48%), diabète (30%), glaucome (23%), hyperlipidémie (7%), coronaropathie (17%) pathologie athéromateuse de carotide (42%) avec sténose carotidienne (20%). L’OCT a permis de caractériser l’œdème maculaire (OM) et l’ischémie était l’élément principal recherché sur l’angiographie à la fluorescéine (AF). L’OVR était ischémique pure (20% des cas), œdémateuse pure (13%) et mixte (67%). Les signes recherchés sur l’OCT-angiographie (OCTA) étaient l’élargissement de la zone avasculaire centrale (ZAC) (82%) et la rarefaction du lit capillaire superficiel et profond (88%). La présence de ces signes était corrélée à la présence d’une ischémie périphérique évidente sur l’angiographie à la fluorescéine (87%) (p=0.01). Tous les OM avec une acuité visuelle (AV) basse ont bénéficié en première intention d’injection intravitréenne d’antiVEGF avec un taux de succès de 83%. Les cas d’échec ont bénéficié d’un switch thérapeutique (modification de la molécule d’anti VEGF, implant intraoculaire de dexaméthasone). La photocoagulation panrétinienne a été réalisée dans toutes les formes ischémiques dans les territoires concernés et a été démarrée dans la semaine suivant le diagnostic. Les complications retrouvées étaient le glaucome néovasculaire (GNV) (4 cas), l’hémorragie intravitréenne (2 cas), membrane épimaculaire (10 cas) et le décollement de rétine (3 cas). Les facteurs de mauvais pronostic liés à une mauvaise récupération fonctionnelle (=AV finale ≤1/10) (p=0.01) : Age >50 ans, AV initiale ≥1logmar, déficit pupillaire afférent relatif, élargissement de la ZAC, interruption de la membrane limitante externe, interruption de la zone ellipsoide, interruption de la zone d’interdigitations, DRILL, épaisseur rétinienne centrale >400µm. Le bilan du terrain a retrouvé une maladie athéromateuse carotidienne dans 42% des cas.
Discussion
Le profil épidémiologique et les FDR des OVR dans notre formation se rapproche à celui décrit dans des études similaires. L’OCTA permet de déceler les patients à risque d’ischémie et de juger la nécessité de réaliser une AF en mesurant de densité vasculaire du pôle postérieur. Le traitement est symptomatique et se base sur la gestion de l’OM, de l’ischémie rétinienne et des FDR. Le faible taux de GNV décrit dans notre étude serait lié au début précoce de PPR dès le diagnostic de forme ischémique établi (recommandations britanniques 2022). Les facteurs pronostiques sont connus et sont similaires à ceux retrouvés dans notre étude. Leur analyse a largement bénéficié de l’apport de l’imagerie rétinienne multimodale. Dans notre travail, le taux de maladie athéromateuse décelé chez cette population impose la recherche d’un terrain vasculaire afin de démarrer une PEC maximaliste.
Conclusion
Le pronostic anatomo-fonctionnel des OVR est conditionné par l’OM et l’ischémie rétinienne. Un traitement précoce garantit un meilleur résultat visuel et moins de complications.