Name
Impact de l’utilisation des collyres conservés au long cours dans la survenue des kératites infectieuses sévères chez les sujets âgés de plus de 60 ans

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Dr Alexandre LAVIGNE
Tags :
Résumé

Introduction

Les kératites infectieuses sont des urgences ophtalmologiques potentiellement cécitantes. Les collyres conservés utilisés au long cours ont un retentissement sur la surface oculaire comme c’est le cas des collyres hypotonisants. L’objectif de l’étude est de décrire les facteurs de risque de kératite infectieuse sévère chez les sujets âgés de 60 ans et plus, notamment l’instillation prolongée de collyres conservés au long cours.

Matériels et Méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective de type cas-témoins et monocentrique. La population étudiée a été les sujets de plus de 60 ans hospitalisés pour une kératite infectieuse sévère entre janvier 2014 et décembre 2020 ; 191 cas ont été appariés à 195 témoins à l’aide d’un appariement par fréquence. Les témoins ont été sélectionnés parmi les patients opérés de cataracte pendant la même période. Le critère de jugement principal de l’étude était l’association entre la survenue d’une kératite infectieuse sévère et l’instillation de collyres conservés au long cours. En cas d’instillation de collyres conservés et non conservés chez le même patient, ce patient était inclus dans le groupe « instillation de collyres conservés ». L’appariement a été réalisé sur les facteurs de risque de kératite infectieuse déjà identifiés de kératite infectieuse.

Résultats

Les données de 386 patients ont été analysées, 191 cas (49%) et 195 témoins (51%).   L’âge moyen des patients était de 75,6 ans dans les 2 groupes (60 à 98 ans), dont 58% étaient des femmes dans le groupe des cas et 49% dans le groupe des témoins. Les pathologies de la surface oculaire (254/386 soit 68%) et le diabète (110/386 soit 29%) étaient les 2 facteurs de risque les plus fréquemment retrouvés dans l’ensemble de la population étudiée ainsi que chez les cas. Parmi les plus de 60 ans, 59 cas (31%) instillaient des collyres conservés dont 43 (22,5%) étaient des collyres conservés anti-glaucomateux. Parmi les plus de 75 ans, 31% instillaient des collyres conservés (63/197) dont 28% étaient des collyres anti-glaucomateux (57/197). Nous n’avons pas identifié d’association statistiquement significative entre l’instillation de collyres conservés au long cours et la survenue d’une kératite infectieuse sévère chez les sujets de plus de 60 ans (p = 0,266) par rapport au groupe témoin. Chez les plus de 75 ans, les collyres conservés au long cours étaient associés à la survenue d’une kératite infectieuse sévère de façon significative dans l’analyse multivariée (p = 0,004).

Discussion

La question de la prescription de collyres conservés au long cours, notamment hypotonisants d’autant plus chez les sujets âgés de plus de 75 ans se pose. Des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer les causes de ce potentiel de sur risque, que ce soient les conservateurs, le principe actifs en lui-même ou des erreurs de manipulation de flacon non en unidoses. Nous n’avons pas pu étudier le surrisques des collyres sans conservateurs, du fait de données manquantes dans les dossiers notamment sur les larmes artificielles ce qui constitue une limite à cette étude.

Conclusion

Après 75 ans, il semble exister un sur risque de kératite infectieuse sévère lié à  l’instillation de collyres conservés au long cours, principalement  anti-glaucomateux. Des études complémentaires sont nécessaires.