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Caractéristiques cliniques et modalités thérapeutiques des sclérites non infectieuses nécessitant un traitement d’épargne cortisonique. Étude rétrospective dans un centre tertiaire : Hôpital Fondation Ophtalmologique Rothschild

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Orateurs :
Dr Jonathan TOUTAIN
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Résumé

Introduction

Les sclérites non infectieuses désignent des maladies inflammatoires oculaires rares et potentiellement graves de la sclère pouvant être associées dans 30 à 40% des cas à une maladie de système. Leur prise en charge peut nécessiter le recours à un traitement systémique par anti-inflammatoire non stéroïdien ou stéroïdien voire l’usage d’immunosuppresseur ou de biothérapie. La place actuelle des immunosuppresseurs conventionnels et des biothérapies ne reposent pas sur des études avec un fort niveau de preuve. L’objectif de ce travail était de décrire les caractéristiques cliniques des sclérites relevant d’un traitement épargneur cortisonique et de comparer les différentes molécules de notre arsenal thérapeutique.

Matériels et Méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle portant sur 54 patients atteints de sclérite non infectieuse, ayant nécessité l’introduction d’un - ou étant déjà sous – traitement épargneur de cortisone, pris en charge à l’Hôpital Fondation Rothschild de Paris entre 2011 et 2021. Les caractéristiques anatomocliniques, les complications ainsi que les modalités thérapeutiques ont été analysées.

Résultats

Le suivi moyen était de 111,9 semaines. L’âge moyen au diagnostic était de 48,4 ans (extrême : 8 à 81 ans). Il s’agissait de 31 femmes et 23 hommes. Concernant les 71 yeux atteints de sclérite, 51 (71,8%) sclérites étaient antérieures strictes dont 25 (49%) de forme diffuse, 24 (47,1%) de forme nodulaire et 2 (3,9%) de forme nécrosante, et 20 (28,2%) présentaient une sclérite postérieure. L’atteinte était bilatérale chez 31,5% des patients. Le bilan retrouvait une maladie systémique chez 28 (51,8%) patients dont 17 (60,7%) où la maladie n’était pas connue. Cinquante-deux (73,2%) sclérites se sont compliquées avec un amincissement scléral dans 35,2% (n=25), une uvéite antérieure dans 33,8% (n=24), une baisse de l’acuité visuelle dans 28,2% (n=20), des complications du segment postérieur dans 25,4% (n=18) une hypertonie oculaire dans 23,9% (n=17) et une atteinte cornéenne dans 22,5% (n=16). Tous les patients avaient eu un traitement épargneur cortisonique. Un immunosuppresseur classique a été utilisé en tant que 1er épargneur cortisonique chez 38 patients et en 2ème intention chez 1 patient, avec un taux de contrôle global de 59% dans un délai moyen de 10,09 ± 6,01 semaines. Une biothérapie a été utilisée chez 33 (61,1%) patients, dont 16 (29,6%) patients en tant que 1er épargneur. Le taux de contrôle global était de 87,9% dans un délai moyen de 4,93 ± 3,69 semaines. Une baisse de la corticothérapie à une dose quotidienne ≤ 5 mg/jour avait été obtenue dans 84,6% des cas.

Discussion

Les sclérites sont des inflammations oculaires sévères nécessitant un bilan ophtalmologique et général complet, minutieux, systématique et répété du fait de la fréquence élevée des complications et des pathologies systémiques associées. Près d'un quart des patients auront recours à un traitement épargneur cotisonique, dont la balance efficacité/tolérance est à connaître selon la molécule utilisée.

Conclusion

Le diagnostic étiologique, ainsi que la prise en charge personnalisée des sclérites représentent encore un défi du fait d'une physiopathologie encore mal comprise et de la variabilité des étiologies. Les biothérapies semblent être plus efficaces que les immunosuppresseurs conventionnels et des recommandations claires concernant la prise en charge thérapeutique sont nécessaires.